Entrée en vigueur au 1er janvier 2021, la certification Qualiopi a su s’imposer année après année comme un élément incontournable du paysage de la formation professionnelle française. Toutefois, la certification de 2018 n’est pas la certification de 2025 ! Étant par définition une norme règlementaire, la certification est évolutive. Mouvante dans le temps. Et il convient de se mettre à jour d’informations pour quiconque souhaite s’y lancer.
Cet article a précisément cet objectif ! Vous donner des informations à jour. Qu’est ce que Qualiopi ? A qui s’adresse la certification ? Existe-t-il un traitement spécifique pour les formateurs indépendants ? Est-ce obligatoire pour les sous-traitants ? Combien ça coûte de passer la certification quand on est seul ? Ce sont autant de questions auxquelles nous répondrons dans cet article.
L’article est segmenté par chapitre. N’hésitez pas à vous référer à tel ou tel chapitre en fonction de votre situation et de votre degré de maturité au sujet de la certification.
Alors, prêt à tout comprendre ? C’est parti !
Table des matières
Qui est concerné par Qualiopi en 2025 ?
L’ambition originelle de Qualiopi : tous les organismes de formation
La certification Qualiopi, c’est la certification qualité à destination des organismes de formation. Après DATADOCK, la certification Qualiopi a été créée afin de rationaliser l’attribution des fonds publics et mutualisés de la formation professionnelle. Avec la désintermédiation du CPF (1), la mise en place de France Compétences et des OPCO (2) et la libéralisation du marché de l’apprentissage (3), l’obligation de certification Qualiopi pour les organismes de formation désireux bénéficier de fonds publics ou mutualisés est la quatrième grande révolution induite par la loi pour la liberté de choisir son avenir professionnel de 2018.
Tous les organismes prestataires d’action concourant au développement des compétences (OPAC) dès lors qu’ils ont obtenu un Numéro de Déclaration d’Activité (NDA) de formation sont référencés comme prestataire d’action de conformation, et à ce titre peuvent donc prétendre à la certification Qualiopi.
Les derniers chiffres officiellement publiés au sujet de la certification Qualiopi datent de 2023 (étude CEREQ – DARES). Toutefois, Digi-Certif est allé mener l’enquête au sujet de l’adoption de Qualiopi en se référant à la liste officielle des organismes de formation disponible sur le site DataGouv.
Ainsi, au 1er janvier 2025, la France compte 132 237 organismes de formation. Parmi eux, 42 892 sont certifiés Qualiopi (ou équivalent), soit 32,44% de la population totale des organismes de formation.
Parmi les certifiés Qualiopi, la grande majorité ont passé la certification au titre de l’action de formation continue (76,4%). Derrière, on trouve une surreprésentation du CFA (11,6%). Les Centres de Bilans de Compétences (7,7%) et les Centres de Validation des Acquis de l’Expérience (4,4%) ferment la marche.
L’ambition originelle de Qualiopi : tous les organismes de formation
Les chiffres de DataGouv ne donnent que peu d’indications quant au profil des certifiés Qualiopi. Toutefois, on dispose de chiffres précis quant à la localisation géographique des certifiés d’une part, ainsi qu’au statut des certifiés eux-mêmes.
Les certifiés Qualiopi sont présents sur le territoire national avec des intensités différentes suivant les régions. A elle seule, l’Île de France regroupe 34 035 organismes de formation, dont 12 054 sont certifiés Qualiopi. La région capitale regroupe ainsi 28,3% des certifiés Qualiopi. Auvergne-Rhône Alpe (13,12%), Occitanie (9,59%) et Provence Alpes Côte d’Azur (9,06%) suivent avec chacun près de 10% des organismes certifiés. Les centres urbains sont globalement surreprésentés, notamment à Paris qui regroupent plus de la moitié des certifiés d’Île de France.
Le marché des organismes de formation est largement dominé par des micro-organismes de formation, c’est-à-dire des organismes de formation créés par des entreprises unipersonnelles.
Les derniers chiffres disponibles datent de 2023 via l’enquête sur les transformations de l’offre de formation (ETOF) Céreq/Dares. A cette date, on pouvait lire que 49% des organismes de formation étaient certifiés Qualiopi. On lisait également que 33% des micro-organismes de formation étaient certifiés.
Sans porter de jugement sur l’adoption de la certification Qualiopi par les organismes de formation, on constate donc que près d’un tiers des organismes de formation qu’ils soient des micro-organismes ou non, ont passé la certification Qualiopi.
Mais rappelons, quel est l’intérêt réel de Qualiopi pour un organisme de formation, quel que soit sa taille et son statut ?
Qualiopi, quel intérêt pour une organisme de formation ?
La certification Qualiopi n’est pas seulement une obligation réglementaire : elle ouvre la voie à des opportunités tangibles pour les organismes de formation, quel que soit leur statut ou leur envergure. Voici pourquoi.
L’accès aux financements publics et mutualisés
Depuis le 1er janvier 2022, la certification Qualiopi est devenue obligatoire pour tous les prestataires d’actions de formation, de bilan de compétences, de validation des acquis de l’expérience (VAE) et les CFA souhaitant bénéficier de financements publics ou mutualisés. Ces financements incluent les fonds gérés par les OPCO, le CPF et d’autres dispositifs comme les subventions de l’État ou des collectivités territoriales. En 2023, selon l’enquête DARES, parmi les organismes ayant choisi de ne pas entamer la démarche Qualiopi, 22,4 % ont déclaré qu’ils n’avaient aucune formation financée sur fonds publics, rendant la certification non pertinente dans leur cas. Cependant, pour les 42 892 organismes certifiés au 1er janvier 2025, soit 32,44 % des organismes recensés, l’accès à ces fonds représente souvent un levier essentiel pour leur développement. Ne pas être certifié revient à se couper de ces opportunités financières, ce qui limite considérablement la capacité de ces structures à proposer des prestations accessibles à un large public. Ainsi, Qualiopi est bien plus qu’un simple label : c’est un passeport indispensable pour entrer dans l’écosystème des financements publics et mutualisés.
Un gage de crédibilité dans un secteur en tension
La certification Qualiopi s’est également imposée comme un véritable gage de crédibilité dans un secteur où la concurrence est particulièrement intense. Avec plus de 132 000 organismes de formation recensés en France, dont une majorité constituée de micro-organismes, il devient crucial de se démarquer. Selon l’enquête sur les transformations de l’offre de formation (ETOF), 19,8 % des organismes ne souhaitant pas entrer dans la démarche Qualiopi ont estimé que leur qualité était déjà suffisamment reconnue. Pourtant, pour les structures certifiées, l’impact est significatif : afficher le logo Qualiopi témoigne d’une démarche rigoureuse de mise en conformité avec un référentiel national exigeant. Cette reconnaissance rassure non seulement les clients, qu’ils soient entreprises, particuliers ou financeurs, mais elle ouvre aussi des opportunités commerciales en renforçant la confiance dans les prestations proposées. Dans un marché où la réputation et la visibilité jouent un rôle clé, la certification Qualiopi agit comme un accélérateur de crédibilité et un argument de différenciation décisif face à des concurrents non certifiés.
Une organisation optimisée et en amélioration continue
Au-delà des bénéfices financiers et de la reconnaissance, Qualiopi pousse les organismes de formation à adopter une organisation plus structurée et performante. L’enquête DARES met en lumière que, parmi les difficultés rencontrées par les organismes certifiés, 66 % ont cité les contraintes administratives liées à la démarche. Cependant, ces efforts se traduisent souvent par des résultats concrets en termes de structuration et d’efficacité interne. En suivant le Référentiel National Qualité (RNQ), les organismes améliorent leurs processus, formalisent leurs pratiques et adoptent une démarche d’amélioration continue. Ces transformations ne sont pas que des obligations réglementaires : elles permettent de gagner en efficacité, de mieux répondre aux attentes des apprenants et des partenaires, et de consolider la pérennité de l’activité. En 2025, alors que le paysage de la formation continue se complexifie, cette structuration devient un véritable atout stratégique pour les organismes souhaitant rester compétitifs et offrir des prestations toujours plus adaptées aux besoins du marché.
Ainsi, loin d’être un simple passage obligé, Qualiopi s’impose comme un véritable levier pour booster votre développement et asseoir votre crédibilité dans l’écosystème de la formation professionnelle.
Les dernières nouveautés de Qualiopi
La version 9 de Qualiopi : des ajustements ciblés
Entrée en vigueur le 8 janvier 2024, la version 9 du guide de lecture Qualiopi représente une réponse directe aux évolutions réglementaires, notamment le décret du 28 décembre 2023 concernant la sous-traitance dans le cadre du Compte Personnel de Formation (CPF). À peine deux mois après la publication de la version 8, cette nouvelle mise à jour se concentre exclusivement sur la clarification des modalités d’audit appliquées aux sous-traitants. Parmi les nouveautés majeures, un préambule introduit la notion de sous-traitance, en précisant que toute délégation d’action de formation doit s’accompagner d’un contrat écrit à partir du 1er avril 2024, conformément à l’article R.6333-6-2 du Code du travail. Ce contrat inclut des mentions obligatoires garantissant la transparence et la traçabilité des prestations sous-traitées.
La version 9 se distingue également par une liste d’indicateurs ajustés en fonction des rôles et responsabilités des sous-traitants. Certains indicateurs, comme les 1, 2 et 3, relatifs à l’information du public et aux résultats des formations, sont non applicables aux sous-traitants, car ils relèvent uniquement du donneur d’ordre. À l’inverse, d’autres indicateurs, tels que les 5, 26 et 30, voient leurs exigences renforcées : alignement sur les objectifs du donneur d’ordre, inclusion de ressources pour les publics en situation de handicap, et collecte des retours d’expérience.
Un cadre renforcé pour la sous-traitance : vers une réglementation stricte et adaptée
Avec la version 9 du guide Qualiopi et les évolutions réglementaires prévues en 2024, le cadre de la sous-traitance fait l’objet d’un renforcement significatif. À partir du 1er avril 2024, tous les contrats entre un donneur d’ordre (organisme de formation certifié) et un sous-traitant doivent être formalisés par écrit. Ce contrat inclut des mentions obligatoires, telles que les missions confiées, les moyens mobilisés, la durée, ou encore les conditions de réalisation et de suivi de l’action. Cette formalisation vise à garantir une transparence totale entre les parties et à prévenir les abus, comme la sous-traitance en cascade, désormais strictement interdite.
En parallèle, les sous-traitants doivent remplir des obligations spécifiques, notamment détenir un numéro de déclaration d’activité (NDA), respecter les exigences fiscales et sociales, et justifier de leurs compétences pédagogiques. Cependant, des exceptions notables existent. Par exemple, les sous-traitants affiliés au régime micro-social, réalisant moins de 77 700 € de chiffre d’affaires annuel, sont dispensés de l’obligation de certification Qualiopi. Cette flexibilité permet aux micro-entrepreneurs de continuer à intervenir pour des prestations CPF sans avoir à supporter le coût et les démarches liées à la certification. Toutefois, pour les sous-traitants intervenant sur des blocs de compétences complets ou réalisant un chiffre d’affaires supérieur à ce plafond, la certification devient obligatoire, renforçant ainsi la fiabilité des prestations sous-traitées.
Enfin, la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) joue un rôle central dans ce nouveau cadre. Chargée de contrôler les prestataires enregistrés sur le portail EDOF, elle dispose désormais d’un pouvoir accru pour sanctionner les manquements, allant jusqu’au déréférencement temporaire ou définitif des organismes ou sous-traitants non conformes. Ces mesures, combinées aux exigences renforcées de Qualiopi, visent à garantir une meilleure qualité des prestations, tout en instaurant un environnement réglementaire clair et équitable pour l’ensemble des acteurs du secteur.
Benoît Boitard est fondateur de Digi-Certif. Diplômé de Sciences Po Paris, spécialité management et qualité au sein des organisations, il est auditeur Qualiopi et responsable qualité au sein de plusieurs organismes de formations depuis 2020.