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Quand (et comment) demander une formation à son employeur ?

  • Post published:26 avril 2025
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Demander une formation à son employeur peut être un levier décisif dans une carrière. Que ce soit pour monter en compétences, se repositionner via une mobilité interne ou anticiper une évolution du poste, la formation professionnelle constitue un droit encadré par la loi, mais aussi une opportunité stratégique

Encore faut-il savoir quand et comment formuler sa demande pour maximiser ses chances d’acceptation. Entre les obligations légales de l’entreprise, les priorités du service des ressources humaines et les besoins individuels du salarié, l’exercice requiert une certaine préparation.

Dans cet article, nous vous proposons un tour d’horizon complet pour comprendre les moments opportuns pour solliciter une formation auprès de son employeur, les dispositifs existants, et les bonnes pratiques pour formuler une demande convaincante.

1. Comprendre le droit à la formation dans l’entreprise

Avant même de formuler une demande de formation, il est essentiel de comprendre le cadre dans lequel elle s’inscrit. En France, le droit à la formation est encadré par le Code du travail et repose sur une logique de co-responsabilité entre le salarié et l’employeur.

1.1. Le cadre légal : obligation de former et entretiens professionnels

Depuis la loi du 5 mars 2014, l’employeur a l’obligation d’assurer l’adaptation de ses salariés à leur poste de travail, ainsi que le maintien de leur capacité à occuper un emploi, au regard notamment des évolutions technologiques et organisationnelles. À ce titre, il doit proposer des actions de formation régulières, même en dehors de toute demande explicite du salarié.

Par ailleurs, l’entretien professionnel, obligatoire tous les deux ans, est un moment clé du parcours salarié. Ce rendez-vous ne porte pas sur l’évaluation du travail, mais exclusivement sur les perspectives d’évolution professionnelle, notamment en matière de formation. Il permet d’identifier des besoins, de construire un projet et de programmer d’éventuelles actions de développement de compétences.

1.2. Les dispositifs mobilisables

Lorsqu’un salarié souhaite se former, plusieurs dispositifs peuvent être envisagés, en fonction de l’objectif poursuivi, du financement disponible, et du statut du salarié :

  • Le Plan de développement des compétences : il regroupe l’ensemble des formations proposées et financées par l’employeur. La formation a lieu sur le temps de travail, sans mobilisation du CPF.
  • Le CPF (Compte Personnel de Formation) : utilisable de manière autonome ou dans le cadre d’un projet co-construit avec l’entreprise. Certaines formations sont éligibles à un abondement de l’employeur.
  • Le CPF de transition professionnelle (ex-CIF) : mobilisé pour une reconversion, avec un accompagnement renforcé (CEP) et une étude de faisabilité.
  • La Pro-A : un dispositif de reconversion ou de promotion par alternance, combinant formation théorique et activité en entreprise.

Chaque dispositif obéit à des règles spécifiques, mais tous ont pour point commun de viser un renforcement des compétences, au service de l’employabilité.

2. Identifier le bon moment pour formuler une demande

Bien que le droit à la formation soit reconnu, le moment choisi pour solliciter une formation auprès de son employeur peut jouer un rôle déterminant dans l’issue de la demande. Formuler sa requête au bon moment, en lien avec les besoins de l’entreprise ou avec son propre parcours professionnel, maximise les chances d’obtenir une réponse favorable.

2.1. À l’occasion de l’entretien professionnel

L’entretien professionnel, obligatoire tous les deux ans, est l’opportunité naturelle pour aborder la question de la formation. Cet échange, axé sur les perspectives d’évolution du salarié, est l’espace privilégié pour faire valoir un besoin de montée en compétences, de spécialisation ou de reconversion interne. Préparer cet entretien en amont, en identifiant des besoins de formation concrets et alignés avec le poste ou les évolutions du secteur, renforce la pertinence de la demande.

2.2. Lors d’une évolution ou d’un changement de poste

L’évolution professionnelle au sein de l’entreprise est souvent synonyme de nouvelles responsabilités, de nouveaux outils ou de nouvelles méthodes de travail. Dans ce contexte, solliciter une formation pour accompagner la prise de poste est non seulement légitime, mais souvent perçu positivement par l’employeur, soucieux de sécuriser la montée en compétences de ses collaborateurs.

2.3. En cas de reconversion ou d’insatisfaction professionnelle

Lorsque le salarié envisage une reconversion ou ressent un besoin de changement, la formation professionnelle peut être un tremplin vers un nouveau projet. Il est alors essentiel d’anticiper cette démarche, de la formaliser clairement et d’identifier les dispositifs adaptés (CPF de transition professionnelle, Pro-A). Une demande bien préparée, adossée à un projet cohérent, est plus à même d’obtenir le soutien de l’employeur.

2.4. En réponse à un besoin opérationnel identifié

Le contexte opérationnel peut également justifier une demande de formation : mise en place d’un nouveau logiciel, adaptation à une nouvelle réglementation, développement de nouvelles méthodes de travail. Lorsque le besoin est concret et directement lié aux enjeux de l’entreprise, il constitue un argument solide pour obtenir un accord.

3. Formuler efficacement sa demande

Formuler une demande de formation ne se limite pas à exprimer un souhait : il s’agit de présenter un projet construit, aligné avec les besoins de l’entreprise comme avec son propre parcours professionnel. Une démarche structurée et argumentée augmente significativement les chances d’obtenir un accord.

3.1. Préparer des arguments clairs et alignés avec les enjeux de l’entreprise

Avant de solliciter un entretien ou d’envoyer une demande formelle, il est important de préparer ses arguments. Il s’agit de montrer en quoi la formation envisagée répond à une nécessité concrète : évolution technologique, renforcement des compétences clés, anticipation des mutations du secteur, etc. Plus la formation est perçue comme un investissement rentable pour l’entreprise, plus la demande aura de poids et aura de chance d’être acceptée par l’employeur.

3.2. Mettre en avant les bénéfices mutuels

Une demande de formation doit être présentée non seulement comme bénéfique pour le salarié, mais aussi pour l’employeur. Amélioration de la productivité, montée en compétences, capacité à assumer de nouvelles responsabilités, fidélisation : autant d’arguments qui rassurent l’entreprise sur l’intérêt de l’investissement.

3.3. Proposer une formation sérieuse, référencée ou certifiante

Le choix de la formation est également déterminant. Il est recommandé de privilégier des formations reconnues, délivrées par des organismes sérieux — idéalement certifiés Qualiopi — et, si possible, débouchant sur une certification ou une qualification professionnelle. Cela renforce la crédibilité du projet et rassure l’employeur sur la qualité de l’action envisagée.

Solliciter une formation auprès de son employeur est une démarche légitime et stratégique, qui s’inscrit pleinement dans le cadre du droit à la formation professionnelle. Encore faut-il savoir identifier le moment opportun, comprendre les dispositifs existants et construire une demande argumentée, en phase avec les besoins de l’entreprise.

Bien préparée, une demande de formation ne se limite pas à un enrichissement personnel : elle constitue un levier d’évolution professionnelle, de sécurisation de parcours, et de contribution active aux projets de l’organisation.

En adoptant une approche structurée et proactive, chaque salarié peut faire de la formation un moteur de son développement, tout en renforçant sa valeur ajoutée au sein de son entreprise.

Benoît Boitard

Benoît Boitard est fondateur de Digi-Certif. Diplômé de Sciences Po Paris, spécialité management et qualité au sein des organisations, il est auditeur Qualiopi et responsable qualité au sein de plusieurs organismes de formations depuis 2020.