La certification Qualiopi est devenue un passage obligatoire pour les organismes de formation (OF), les centres de bilan de compétences (CBC), les Centres de Formation par Apprentissage (CFA) et les prestataires de Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) souhaitant bénéficier de financements publics et mutualisés. Pourtant, elle reste entourée de nombreuses idées reçues qui alimentent les doutes et les incompréhensions des professionnels du secteur.
Certaines de ces croyances viennent de la complexité perçue du processus de certification, d’autres de mauvaises interprétations des exigences du Référentiel National Qualité (RNQ). Résultat ? De nombreux organismes hésitent à se lancer, voire renoncent, alors que la réalité est souvent bien différente de ce que l’on entend.
Dans cet article, nous allons démystifier 10 idées reçues sur la certification Qualiopi, en apportant des réponses claires et précises pour vous aider à mieux comprendre ce qu’elle implique réellement.
Passons maintenant en revue ces 10 idées reçues et rétablissons la vérité. 🔎
Idée reçue n°1 : "La certification Qualiopi s’adresse d’abord et avant tout aux gros organismes de formation et pas aux indépendants."
🚫 FAUX !
Beaucoup d’indépendants et de micro-organismes de formation s’auto-censurent, persuadés que la certification Qualiopi serait un dispositif réservé aux grandes structures. Pourtant, les chiffres montrent que plus de 15 000 micro-organismes de formation sont aujourd’hui certifiés.
Il est vrai que les petits organismes sont moins nombreux à se lancer dans la certification que les plus gros :
- Environ 1 micro-organisme sur 3 se certifie,
- Tandis que 50 % des organismes de formation en général disposent de Qualiopi.
Mais ce n’est pas une question de taille : tout dépend du business model et des ambitions de développement de l’organisme. Un formateur indépendant qui veut permettre à ses clients d’accéder aux financements publics (CPF, OPCO, etc.) a tout intérêt à se certifier, même en solo.
👉 Conclusion : Qualiopi n’est pas réservé aux grosses structures. C’est un outil stratégique qui peut être un atout majeur pour un indépendant souhaitant structurer et pérenniser son activité.
Idée reçue n°2 : "La certification Qualiopi vérifie la qualité des formations que vous délivrez."
🚫 FAUX (mais aussi vrai, en partie).
C’est une confusion fréquente : beaucoup pensent que Qualiopi évalue directement la qualité pédagogique des formations. Or, ce n’est pas du tout le cas.
🔍 Ce que Qualiopi vérifie :
✔️ La mise en place d’un système qualité structuré,
✔️ Les processus utilisés pour concevoir, animer et améliorer les formations,
✔️ La manière dont les bénéficiaires sont accompagnés avant, pendant et après la formation.
❌ Ce que Qualiopi ne vérifie pas :
🚫 Le contenu pédagogique lui-même,
🚫 La pertinence des méthodes utilisées,
🚫 Le niveau de compétence réel des formateurs (tant qu’ils répondent aux exigences du RNQ).
👉 Conclusion : Qualiopi n’évalue pas si une formation est “bonne” ou “mauvaise” sur le fond, mais si elle est bien encadrée sur la forme. Le référentiel impose un cadre rigoureux pour garantir une organisation structurée et une amélioration continue, mais il ne juge pas directement la valeur pédagogique des enseignements.
Idée reçue n°3 : "La certification Qualiopi, ce sont seulement des documents à fournir."
🚫 FAUX !
Il est vrai que Qualiopi repose sur une approche documentaire. Le jour de l’audit, vous devrez présenter un certain nombre de documents pour prouver que votre organisme respecte les exigences du Référentiel National Qualité (RNQ).
Mais attention, il ne suffit pas de fournir des documents vierges ou des modèles génériques.
🔍 Ce que l’auditeur attend :
✔️ Des documents concrets qui témoignent d’une réelle mise en application,
✔️ Des processus vécus et intégrés au fonctionnement quotidien de l’organisme,
✔️ Des preuves d’utilisation : rapports d’évaluation, retours d’expérience, suivis d’amélioration…
🚫 Ce qui ne suffit pas :
❌ Présenter une pile de documents standardisés sans preuve d’application,
❌ Fournir des procédures théoriques sans qu’elles aient jamais été mises en œuvre,
❌ Montrer des modèles vides qui n’ont jamais été remplis ni utilisés.
👉 Conclusion : Qualiopi n’est pas qu’une question de paperasse ! Il s’agit de démontrer un véritable engagement qualité à travers des documents qui traduisent des pratiques réelles et éprouvées dans votre organisme.
Idée reçue n°4 : "Obtenir Qualiopi, c’est mission impossible."
🚫 FAUX !
Oui, la certification Qualiopi demande du travail et une organisation rigoureuse, mais elle n’est pas insurmontable. La preuve ? Les taux de réussite sont proches de 100 %.
Si Qualiopi était un parcours du combattant, autant d’organismes ne seraient pas certifiés aujourd’hui. Ce qui fait la différence, c’est la préparation :
✔️ Comprendre les exigences du référentiel,
✔️ Mettre en place des processus adaptés,
✔️ S’organiser pour rassembler les preuves nécessaires,
✔️ Anticiper l’audit avec un bon accompagnement si besoin.
🚫 Ce qui peut donner une impression de complexité :
❌ Se lancer sans méthode ni structure,
❌ Découvrir les exigences trop tard,
❌ Ne pas s’entourer des bonnes ressources.
👉 Conclusion : Qualiopi n’est pas une montagne infranchissable. Avec un minimum de rigueur et une bonne préparation, on obtient la certification sans difficulté majeure. Ce n’est pas une question de difficulté, mais de méthode.
Idée reçue n°5 : "Qualiopi permet l’accès immédiat au CPF."
🚫 FAUX !
Beaucoup pensent que l’obtention de la certification Qualiopi ouvre automatiquement l’accès au Compte Personnel de Formation (CPF). Ce n’est pas le cas.
🔍 La réalité :
✔️ Qualiopi est un prérequis pour accéder aux financements publics et mutualisés, y compris le CPF.
❌ Mais ce n’est pas suffisant : toutes les formations ne sont pas éligibles au CPF.
📌 Pour qu’une formation soit accessible via le CPF, elle doit :
1️⃣ Être qualifiante ou certifiante, c’est-à-dire enregistrée au RNCP ou au Répertoire Spécifique.
2️⃣ Être déposée sur la plateforme EDOF, ce qui implique un processus administratif supplémentaire.
3️⃣ Répondre aux exigences légales et aux contrôles de la Caisse des Dépôts.
🚫 Ce qui est impossible :
❌ Proposer une formation librement sur le CPF juste avec Qualiopi,
❌ Mettre en ligne une formation qui n’a pas de reconnaissance officielle.
👉 Conclusion : Qualiopi est une condition nécessaire, mais pas suffisante pour proposer des formations sur le CPF. Il faut aussi que la formation soit certifiante et qu’elle suive un processus rigoureux d’éligibilité.
Idée reçue n°6 : "On rate Qualiopi comme on rate un examen."
🚫 FAUX !
Contrairement à un examen où l’on peut échouer définitivement, Qualiopi repose sur une logique d’audit de conformité. L’objectif n’est pas de “réussir” ou “échouer”, mais de vérifier si l’organisme respecte les exigences du Référentiel National Qualité (RNQ).
🔍 Comment ça fonctionne ?
✔️ L’auditeur examine votre organisation et vos processus,
✔️ S’il constate des écarts, il les qualifie en non-conformités mineures ou majeures,
✔️ Vous avez la possibilité de corriger ces non-conformités, dans un délai imparti,
✔️ Une fois corrigées, la certification est délivrée.
🚫 Ce qui est faux :
❌ Il n’y a pas de “note éliminatoire“,
❌ On ne vous rejette pas immédiatement si tout n’est pas parfait,
❌ La certification n’est refusée que si les non-conformités ne sont pas traitées.
📌 Ce qu’il faut retenir :
➡️ L’obtention de Qualiopi est la norme, l’échec est l’exception,
➡️ Les non-conformités sont des axes d’amélioration, pas des motifs d’échec définitif,
➡️ Vous avez toujours une chance de corriger les points soulevés par l’auditeur.
👉 Conclusion : On ne “rate” pas Qualiopi comme on raterait un examen. Tant que les exigences sont respectées ou corrigées, la certification est obtenue dans la grande majorité des cas.
Idée reçue n°7 : "Les accompagnements à Qualiopi incluent le coût de l’audit."
🚫 FAUX !
Près de la moitié des organismes de formation qui se lancent dans Qualiopi choisissent de se faire accompagner. Mais beaucoup d’entrepreneurs pensent à tort que l’accompagnement inclut aussi le passage de l’audit.
📌 La réalité :
✔️ L’accompagnateur vous prépare à la certification : il vous aide à comprendre le RNQ, à structurer vos processus et à rassembler les preuves attendues.
✔️ Le certificateur réalise l’audit et décide de l’attribution (ou non) de la certification.
🚫 Ce qui est faux :
❌ L’accompagnement et l’audit sont deux prestations distinctes,
❌ Un accompagnateur ne peut pas vous certifier,
❌ Le coût de l’audit n’est jamais inclus dans une prestation d’accompagnement.
👉 Conclusion : Se faire accompagner peut grandement faciliter l’obtention de Qualiopi, mais cela ne couvre pas l’audit lui-même. Il faut prévoir un budget distinct pour l’accompagnement et pour l’audit de certification.
Idée reçue n°8 : "Qualiopi est valable uniquement pour une formation."
🚫 FAUX !
La certification Qualiopi ne concerne pas une seule formation, mais l’ensemble des formations d’un organisme. Elle valide un processus qualité, qui est censé être le même pour toutes les actions de formation dispensées par l’organisme.
📌 La réalité :
✔️ C’est l’organisme de formation qui est certifié, pas une formation en particulier,
✔️ Qualiopi est rattaché au Numéro de Déclaration d’Activité (NDA), qui lui-même dépend du SIREN de l’organisme,
✔️ Toutes les formations proposées par l’organisme entrent donc dans le périmètre de la certification.
🚫 Ce qui est faux :
❌ Qualiopi ne s’applique pas à une formation unique,
❌ On ne peut pas “certifier” une seule formation sans que l’organisme dans son ensemble respecte le référentiel.
👉 Conclusion : Qualiopi certifie un organisme et son système qualité global, pas une formation isolée. Une fois certifié, l’organisme peut proposer toutes ses formations sous le label Qualiopi, tant qu’elles respectent les processus mis en place.
Idée reçue n°9 : "Il faut un nombre minimum de formations pour obtenir Qualiopi."
🚫 FAUX !
Contrairement à ce que certains pensent, il n’existe aucun seuil minimum de formations à délivrer pour être certifié Qualiopi. Un organisme peut proposer une seule formation par an et être parfaitement éligible à la certification.
📌 La réalité :
✔️ Qualiopi certifie un processus qualité, pas un volume de formations,
✔️ Un organisme qui propose une seule formation mais respecte le RNQ peut tout à fait être certifié,
✔️ Il n’y a ni minimum ni maximum imposé en termes de nombre de formations ou d’apprenants.
🚫 Ce qui est faux :
❌ Penser qu’il faut un catalogue large pour être certifié,
❌ Croire que Qualiopi est réservé aux gros organismes avec un fort volume de sessions.
👉 Conclusion : Que vous ayez une ou cent formations, cela ne change rien : ce qui compte, c’est le respect des exigences du Référentiel National Qualité.
Idée reçue n°10 : "On peut acheter sa certification Qualiopi auprès d’un certificateur."
🚫 FAUX !
Cette rumeur circule de plus en plus dans le monde de la formation professionnelle : certains pensent pouvoir contourner Qualiopi en “achetant” directement leur certification sans passer par l’audit. C’est totalement faux et impossible.
📌 La réalité :
✔️ Les certificateurs sont accrédités par le COFRAC (Comité Français d’Accréditation), qui les contrôle strictement,
✔️ Un certificateur qui vendrait des certifications perdrait immédiatement son accréditation et risquerait des sanctions,
✔️ Aucun certificateur sérieux ne prendra ce risque, car ils sont eux-mêmes audités et surveillés.
🚫 Ce qui est faux :
❌ Il est impossible de “sauter” l’audit en payant un certificateur,
❌ Qualiopi ne s’achète pas, elle se justifie par la mise en place d’un système qualité conforme au RNQ,
❌ Tout organisme qui prétend vendre une certification sans audit est une arnaque.
👉 Conclusion : Aucun certificateur officiel ne délivrera Qualiopi sans audit. Si quelqu’un vous fait une telle proposition, fuyez : il s’agit d’une escroquerie.

Benoît Boitard est fondateur de Digi-Certif. Diplômé de Sciences Po Paris, spécialité management et qualité au sein des organisations, il est auditeur Qualiopi et responsable qualité au sein de plusieurs organismes de formations depuis 2020.